Les gaz « non conventionnels » – dont le principal est le « gaz de schiste »- ont fait récemment irruption dans le débat énergétique. Exploités à grande échelle aux Etats-Unis, ils bouleversent les données de la sécurité énergétique de ce pays et auront à terme une influence sur les rapports géo-politiques. Mais les environnementalistes dénoncent les processus d’exploration et d’exploitation dévasteurs. L’Europe a de belles réserves de ces gaz, mais aussi de fort contingents de militants écologistes….(dernière mise à jour : 01-06-2011).
Contrairement au gaz naturel classique qui se trouve dans des « poches » géologiques, accessibles par un forage vertical traditionnel, les « gaz non conventionnels » sont contenus dans les anfractuosités de roches. Le « grisou » des mines de charbon en est un exemple. Pour les capter, il faut fracturer la roche et y injecter de l’eau et des produits chimiques capables de chasser le gaz et le faire remonter (Voir article général Wikipedia).
Cette technique est violemment mise en cause par les écologistes, qui soulignent les dangers pour les nappes phréatiques, l’énorme consommation d’eau, et les dégâts environnementaux en surface. La critique la plus célèbre a été apportée par le film Gasland (voir sur Daily Motion).
L’exploitation des gaz non conventionnels a commencé aux Etats-Unis il y a quelques années. La Chine, l’Inde, l’Australie ont suivi. Ce développement très rapide a provoqué une véritable révolution sur le marché du gaz, freinant l’émergence du gaz naturel liquéfié (GNL) et la construction des ports méthaniers. Le GNL était jusqu’alors considéré comme la principal alternative au transport par gazoducs, à savoir la traditionnelle relation, via de grands contrats de long terme, entre pays consommateurs, comme les Etats-Unis et l’Europe, et pays producteurs, comme la Russie ou le Moyen-Orient.
Le développement des gaz non conventionnels a ainsi des effets qui dépassent la seule préoccupation environnementale :
- les réserves gazières, jusqu’alors estimées à quelque 60 ans, pourraient être suffisantes pour un siècle, voire deux siècles, ce qui bouleverse les scénarios mondiaux du mix énergétique. Certains prédisent un « âge d’or » du gaz dans les décennies à venir. Mais cela aura-t-il un effet sur le développement des énergies renouvelables, ou du nucléaire, qui sont des sources moins émettrices de CO2 ?
- les réserves de gaz non conventionnels sont beaucoup mieux réparties, et leur exploitation bouleverse l’équilibre géopolitique. Les Etats-Unis y voient une façon d’améliorer leur sécurité énergétique –l’autre grande ressource « US » étant le charbon. , et d’être moins dépendant de producteurs comme le Vénézuéla ou le Moyen-Orient. Certains poussent l’Europe à ne pas refuser cette source d’énergie afin de moins dépendre du gaz russe. Voir notamment l’article d’European Energy review (inscription gratuite) , selon lequel les grands groupes européens , dont GDF-Suez, ne font pas un lobbying considérable par crainte de froisser le géant russe Gazprom, avec lequel ils ont souvent des contrats stratégiques ailleurs dans le monde. Cette question a également des répercussions sur le délicat dossier des gazoducs et oléoducs en Europe.
Mais l’exploitation en Europe parait plus complexe, du fait de la densité de population, des législations strictes de protection environnementale, et de droit foncier qui font qu’il est plus difficile qu’aux Etats-Unis d’intéresser les propriétaires privés de terrain. Voir l’étude de SIA-Conseil
Toutefois, la Pologne –toujours sensible à la question d’indépendance à l’égard de la Russie- a décidé de se lancer. Les Pays-Bas, la Grande-Bretagne refusent de s’interdire de réfléchir…
En France, des permis d’exploration avaient été délivrées par le ministère de l’écologie juste avant le départ de Jean-Louis Borloo, qui a depuis estimé qu’il avait commis une « erreur ». Devant la levée de bouliers de multiples associations locales (voir infos ici), un moratoire a été institué dans l’attente d’études techniques, environnementales et économiques.
Les groupes énergétiques plaident qu’il y a des méthodes d’exploitation qui seraient moins agressives que celles employées aux Etats-Unis (voir la note de l’UFIP et le site de l’amicale des foreurs)
http://www.energie2012.com/?p=447
FOCUS – Incertitudes sur le marché mondial du solaire
La vente de panneaux solaires dans le monde a baissé au cours du premier semestre 2011, notamment sur les deux grands marchés européens, l’Allemagne et l’Italie. La hausse devrait reprendre au 2eme semestre, mais le mouvement a déjà enclenché une guerre des prix qui profite à l’industrie chinoise. Une tendance qui conforte la position française d’investir dans le « haut de gamme » des technologies du solaire.
http://www.energie2012.com/?p=271
FOCUS – Après le froid, la sécheresse repose la question des « pointes » électriques
La sécheresse a relancé les spéculations sur les risques de coupures électriques pendant l’été. Cet hiver, c’était le froid. Ce débat maintenant régulier se déroule sur fond d’organisation des échanges entre pays européens, notamment entre la France et l’Allemagne.
La sécheresse exceptionnelle n’a pas que des effets sur l’agriculture et l’élevage. Elle affecte l’énergie, et particulièrement l’électricité.
Il y a cela deux raisons principales:
- l’énergie hydroélectrique est affectée par la baisse de niveau dans les lacs de barrage et les centrales électriques, notamment nucléaires, qui doivent être refroidies par les rivières peuvent être conduites à baisser leur régime si le débit de celles-ci baissent.
- sécheresse = canicule = utilisation accrues des climatiseurs et autres appareils réfrigérants.
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