CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE 2007-2008 ! RESERVES MONDIALES ONT DIMINUE DE MOITIE ?
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Crise alimentaire mondiale de 2007-2008
La crise alimentaire mondiale de 2007-2008 a pour origine une forte hausse du prix des denrées alimentaires de base, plongeant dans un état de crise quelques unes des régions les plus pauvres du monde et causant une instabilité politique et des émeutes dans plusieurs pays.
Constat de la flambée des prix agricoles
Depuis le début de l'année 2007, les prix de bon nombre de matières premières agricoles et denrées alimentaires de base ont augmenté de façon significative sur les marchés internationaux.
Constats
L'indice FAO des prix des produits alimentaires est passé de 139 à 219 entre février 2007 et février 2008, les plus fortes augmentations concernant les céréales (indice 152 à 281) et les produits laitiers (indice 176 à 278)[1].
Parmi les hausses les plus significatives, on relève :
- Le prix du marché international du blé a quasi doublé entre février 2007 et février 2008 atteignant un record à plus de 10 dollars américains le boisseau US.
- Le prix du riz a atteint son niveau le plus élevé depuis dix ans.
- Dans certains pays, les prix du lait et du pain ont plus que doublé.
- Le soja atteint son prix le plus élevé depuis 34 ans en décembre 2007.
- Le prix du maïs a également augmenté de façon significative.
Selon Jacques Diouf, directeur général de la FAO, la facture des importations céréalières des pays les plus pauvres va augmenter de 56 % en 2008 après avoir augmenté de 37 % en 2007[2]. Une hausse qui a « un impact dévastateur sur la sécurité de nombreux peuples et sur les droits de l’Homme ».,
Prévisions
La FAO, organe spécialisé de l'ONU, a publié en décembre 2007 une étude prévoyant une augmentation de 49 % du prix des céréales en Afrique, et de 53 % des prix des céréales en Europe, au cours du mois de juillet 2008.
Selon les « Perspectives de récoltes et situation alimentaire » - No.1er février 2008 publiées par la F.A.O, il est estimé que, « sauf catastrophe climatique, la récolte mondiale de céréales atteindrait le chiffre record de 2.164 millions de tonnes, en hausse de 2,6 % par rapport à celle de 2007 ».
"L’utilisation mondiale de céréales devrait atteindre 2 120 millions de tonnes en 2007/08, soit 2,6 % de plus que la campagne précédente. Cette progression relativement marquée (environ 1,6 % de plus que la moyenne sur dix ans) s’explique par l’utilisation accrue des céréales pour l’alimentation humaine et animale, ainsi que par une nette augmentation de l’utilisation industrielle. La consommation alimentaire de céréales devrait s'élever à 1 006 millions de tonnes au total, soit environ 1 pour cent de plus qu’en 2006/07".[...]
"L’utilisation mondiale de céréales dans l’alimentation animale devrait augmenter de près de 2 % en 2007/08, pour atteindre au total 754 millions de tonnes. Cette augmentation serait imputable en grande partie à la forte progression de l’utilisation mondiale de céréales secondaires (maïs et sorgho notamment), qui devrait atteindre un volume record de 633 millions de tonnes, soit 2,8 % de plus qu’en 2006/07."[...]
"L’utilisation industrielle des céréales progresse également.[...] Le secteur des biocarburants, en pleine expansion, est devenu l’une des principales sources de la demande ces dernières années. D’après les estimations, 100 millions de tonnes de céréales au moins sont consacrées de nos jours à la production de biocarburants, le volume du maïs représentant au moins 95 millions de tonnes, soit 12 % de l’utilisation mondiale totale. Le maïs est la principale céréale utilisée dans la production d’éthanol et les États-Unis sont les premiers au monde pour le secteur de l’éthanol à base de maïs. En 2007/08, les États-Unis devraient consacrer au moins 81 millions de tonnes de maïs à la production d’éthanol, soit 32 millions de tonnes de plus (37 %) que pour la campagne précédente".[...]
"Les stocks céréaliers devraient tomber à leurs plus bas niveaux depuis plus de vingt ans. Compte tenu du renforcement de la demande et du déficit de la production céréalière mondiale en 2007 par rapport aux besoins d’utilisation, les stocks mondiaux de céréales au moment de la clôture des campagnes se terminant en 2008 devraient s’établir à tout juste 405 millions de tonnes, ce qui représente une perte de 22 millions de tonnes (5 %) par rapport à leurs niveaux d’ouverture déjà réduits, et le volume le plus faible enregistré depuis 1982. Cette dernière prévision est également inférieure de quelque 15 millions de tonnes au chiffre publié en décembre. Ainsi, le rapport entre les stocks céréaliers mondiaux et l’utilisation recule lui aussi de 1 pour cent par rapport au faible niveau de la campagne précédente, pour se chiffrer à 19,2 % seulement".[...]
"Le commerce mondial des céréales devrait avoisiner 258 millions de tonnes en 2007/08, soit un nouveau record après le niveau exceptionnel de la campagne précédente".
Déterminants de la flambée des prix
Les économistes avancent des causes conjoncturelles et des causes structurelles, qui seraient les plus importantes, à la flambée des prix agricoles.
Origines de la crise
La plupart des analystes s'accordent à fixer le début des manifestations cette crise mondiale à 2007, mais ses racines et ses signes annonciateurs sont antérieurs. Ainsi Josette Sheeran, directrice du Programme alimentaire mondial estime que ces signes étaient visibles dès 2005 ou 2006 : « Je pense que tout a commencé il y a trois ou quatre ans, lorsque la consommation de certains produits agricoles de base a dépassé la production à l'échelle mondiale. La sécheresse dans des pays comme l'Australie n'a rien arrangé (la production de céréale a été divisée par deux). Les stocks alimentaires ont commencé à baisser, et pas simplement dans les pays riches. Ça a été la même chose en Éthiopie par exemple. Est venue s'ajouter la hausse des cours du pétrole. A 80 dollars le baril de brut, il devenait intéressant, d'un point de vue économique, de fabriquer des carburants à partir de denrées agricoles »[3]. La combinaison de deux facteurs a aggravé la crise ;
- la consommation croissante de viande et de laitages, en Chine notamment (sachant qu'un kilo de poulet, la viande qui est la plus efficiente en termes de transformation des protéines végétales en protéines animales, nécessite 4 kg de protéines et céréales végétales)
- la dégradation et le recul des sols arables: Dans les années 2005/2008, la Chine a perdu 1 million d'ha de terres arables par an, utilisés pour construire les logements qui accueillent les paysans de l'exode rural. L'équivalent d'une ville comme Paris est construite chaque mois en 2007-2008. Le prix du porc a fortement augmenté suite à une zoonose, 100 000 t de porcs ont été importés par la Chine. La demande en porc augmente en Chine, ce qui implique de cultiver beaucoup de maïs (220 millions de tonnes de mais seront nécessaires en 2020, avec 45 000 t importées selon les prospectivistes), au détriment du soja qui fournissait les protéines traditionnellement consommées en Chine. En 2008, la Chine, la Corée du sud cherche à produire hors de Chine, en louant ou achetant des terres (Birmanie, Laos, Cuba, Brésil, Russie et Argentine). En 2008, des émeutes ont touché l'Argentine dont l'agriculture a été destructurée par la surproduction de soja (25 % de ventes du pays) et sa taxation à l'exportation. La demande de soja pour les agro-carburants a aussi tendu le marché[4].
Causes structurelles
Destruction de terres arables
Les surfaces arables du globe sont en réduction depuis plusieurs dizaines d'années sous l'effet de plusieurs facteurs : urbanisation des meilleures terres[5] (notamment en Asie), processus de désertification (notamment dans les régions du Sahel et en Australie, mais aussi en Espagne), impact du réchauffement climatique (augmentation du stress hydrique en Europe selon un rapport publié par le Parc naturel régional du Morvan en 2006[6]) et érosion des terres arables fragiles causée par la déforestation ou l'abus d'engrais[7]...
À l'échelle du globe, les pertes de surfaces arables sont estimées à une fourchette comprise entre 70 000 et 140 000 km2 [8] par an (soit -à titre de comparaison entre 12 et 25 % du territoire français). Ce chiffre est estimé à plus de 100 000 km2 par B. Sundquist de l'Université du Minnesota dans son étude synthétique publiée en 2000, Topsoil loss - Causes, effects and implications: a global perspective[9].
La politique d'augmentation de rendements (révolution verte, augmentation des intrants, etc.) formant une des causes de la destruction de terres arables et de la modification de la qualité des réseaux hydrauliques (et de diversité des zones de pêche), la question des impacts du progrès technique sont encore débattues : compenser la perte de surfaces arables ? ou au contraire, accélérer le processus de destruction ? Ainsi, l'agronome Claude Bourguignon établit dès les années 1970, le lien entre fertilisation par engrais minéraux et déstructuration biologique des sols.
Cependant jusqu'ici l'amélioration des rendements a plus que compensé la perte de surfaces arables[réf. nécessaire]. De forts gains de rendement sont généralement jugés encore possibles.
Ainsi globalement, selon les statistiques de la F.A.O. les taux d'augmentation de la demande et de la production dans les pays en développement ont été très proches, passant respectivement d'environ 3 et 2,8 % par an pendant la période 1970-79 à environ 4,1 et 3,9 % en 1990-97.
Phénomènes climatiques
Divers éléments climatiques expliquent la faiblesse de récoltes dans de nombreuses parties du monde en 2007. Ainsi des sécheresses (Roumanie, Lésotho, Somalie, Ghana), des inondations (Équateur, Bolivie, Sri Lanka) ou un hiver particulièrement rude (sud de la Chine, Argentine)[10].
Augmentation des prix du pétrole
Le quasi quadruplement du prix du pétrole depuis 2003, de 30 $ à 146 $ le baril a augmenté considérablement le coût des fertilisants et des pesticides, qui en majorité, requièrent l'utilisation de pétrole ou plus souvent du gaz naturel (dont le prix est lié à celui du pétrole) pour leur fabrication. De plus le coût de production des matières agricoles inclut également les frais liés à l'utilisation des machines agricoles et à leur transport.
Augmentation de la demande
Un autre facteur systémique a été l'augmentation de la demande en raison d'un régime alimentaire plus riche dû à l'explosion des classes moyennes, en Inde et en Chine entre autres; qui est venu s'ajouter à la hausse de la population mondiale d'environ 1,2 % par an. La consommation de viande, en hausse, a provoqué un détournement des zones cultivées au profit de l'élevage, plus lucratif, et au détriment des cultures des aliments de base traditionnels. Pour avoir un ordre de grandeur, en 1990 les classes ou couches moyennes représentaient 9 % de la population en Inde et 8,6 % de la population chinoise, tandis qu'en 2008 elles atteindraient près de 30 % et 70 % de leur population respective. Les Chinois consomment ainsi cinq fois plus de viande en 2005 qu'en 1980 [11] (il faut trois kilos de grains pour faire un kilo de volaille, le double pour un kilo de bœuf [11]).
Cependant l'Inde[réf. nécessaire] comme la Chine[12], pays continents qui ont beaucoup augmenté leurs rendements grâce à la « révolution verte », affirment être pour le moment autosuffisants du point de vue de la consommation humaine de céréales.
Baisse des prix agricoles
Considérée comme inévitable par les analystes économiques sur la base des travaux de Paul Samuelson (prix Nobel d'économie 1970), la baisse des prix des produits agricoles payés aux producteurs a entrainé une baisse importante des investissements agricoles depuis les derniers sommets atteints par les prix agricoles à la fin des années 1970. Cette réduction, affectée tant aux structures qu'à de nombreux intrants ainsi qu'à la main d'œuvre a limité la progression des rendements[13]. Elle a contribué en retour à la faiblesse des investissements du secteur minier des engrais (phosphore, potasse).
Causes conjoncturelles ou dépendant de choix politiques
Agrocarburants
L'augmentation de l'utilisation de matières agricoles comme biocarburant dans les pays développés a entraîné une diminution de l'offre de nourriture disponible pour la consommation humaine à l'échelle du globe. Cette offre réduite se traduit par un renchérissement très significatif des matières premières agricoles et notamment des céréales. Ce renchérissement touche toutes les populations du globe, mais affecte plus particulièrement les pays les moins développés et les pays en voie de développement, car la part de l'alimentation dans les budgets des ménages y est plus importante.
La production d'agrocarburants est devenue plus rentable grâce à des subventions des gouvernements. Ces subventions étant elles-mêmes justifiées par la volonté d'accroître la part des agrocarburants, en raison de la hausse des prix du pétrole et de leur impact supposé moindre sur l'émission de gaz à effet de serre. Ainsi aux États-Unis, une part croissante de la récolte de maïs est consacré à la production de bioéthanol (6 % en 2005, 23 % en 2007), et on estime que ce chiffre progressera encore à 36 % en 2011. En France, en 2010, environ 65 % de l'huile de colza[14] est destinée à l'industrie des biocarburants. En Allemagne, une partie significative de la récolte de maïs est destinée à la production de biogaz[15].
Cette production est violemment attaquée par des associations de défense de l'environnement ou des organismes internationaux. Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, parle même de « crime contre l'humanité ».
Selon l'économiste américain Paul Krugman «les terres consacrées aux cultures de biocarburants de synthèse ne sont plus disponibles pour les cultures vivrières, ce qui fait que les subventions aux biocarburants sont un facteur majeur dans la crise alimentaire. On pourrait décrire les choses de cette façon : les gens meurent de faim en Afrique afin que les hommes politiques américains puissent gagner des voix dans les États agricoles des É.-U.»[16]
Aux États-Unis, une étude de l'Université de l'Iowa a déterminé que l'expansion du bioéthanol tiré du maïs, liée à une politique de subventions, avait compté pour 36 % de l'augmentation des prix du maïs entre 2006 et 2009[17].
Si l'intégralité des céréales en date de 2008 utilisées dans le monde pour la production de biocarburants (environ 100 millions de tonnes en 2008) étaient à nouveau destinés à l'alimentation humaine (1008 millions de tonnes en 2008 toujours selon le rapport de la FAO déjà cité), les bilans mondiaux de produits céréaliers redeviendraient excédentaires.
Plusieurs pays, de l'Union Européenne notamment, ont déclaré leur intention de réfléchir quant à la modification de leur position vis-à-vis des biocarburants. À l'inverse, le président brésilien Lula a récusé le lien de causalité entre biocarburant et hausse des prix [réf. nécessaire] (le Brésil est le deuxième producteur mondial de biocarburants ; voir Agriculture au Brésil#Canne à sucre et éthanol).
Selon un rapport[18] de la Banque mondiale publié par The Guardian[19] en juillet 2008, les agrocarburants seraient responsables de 75 % de la hausse des prix alimentaires.
Baisse des stocks
Toujours selon les « Perspectives de récoltes et situation alimentaire » - No.1er février 2008, "les stocks céréaliers devraient tomber à leurs plus bas niveaux depuis plus de vingt ans Compte tenu du renforcement de la demande et du déficit de la production céréalière mondiale en 2007 par rapport aux besoins d’utilisation, les stocks mondiaux de céréales au moment de la clôture des campagnes se terminant en 2008 devraient s’établir à tout juste 405 millions de tonnes, ce qui représente une perte de 22 millions de tonnes (5 %) par rapport à leurs niveaux d’ouverture déjà réduits, et le volume le plus faible enregistré depuis 1982. Cette dernière prévision est également inférieure de quelque 15 millions de tonnes au chiffre publié en décembre. Ainsi, le rapport entre les stocks céréaliers mondiaux et l’utilisation recule lui aussi de 1 % par rapport au faible niveau de la campagne précédente, pour se chiffrer à 19,2 % seulement".[...]
Les pays développés en particulier ont eu tendance ces dernières années à laisser les stocks agricoles diminuer, préférant avoir recours à l'importation. Des pays en voie de développement ont également appliqué cette politique, et lorsque des pays producteurs comme l'Égypte ont annoncé stopper leurs exportations pour réguler la hausse des prix sur leur territoire, cela a amplifié le mouvement de hausse des prix. L'USDA montre ainsi que la production et les stocks de blé ont diminué depuis 2004, alors que la consommation s'est stabilisée[20]. Le Programme alimentaire mondial (PAM) évoque des stocks ayant « atteint leur niveau le plus bas depuis trente ans »[21].
Crise financière
Conséquence de la forte volatilité des marchés : Avec la crise des subprimes, les matières premières sont devenues des valeurs refuges et donc spéculatives. En effet les aliments de base et les matières premières, comme le pétrole, servent de valeurs refuges aux établissements bancaires et autres fonds d’investissement qui ont perdu, après avoir spéculé sur les fameux subprimes, des sommes très élevées sur les marchés financiers ces derniers mois. Et les grandes banques centrales qui volent à leur secours en injectant dans le circuit financier plusieurs centaines de milliards de liquidités, c’est-à-dire de crédits bon marché, leur ont permis de se tourner vers ces nouveaux investissements à moindre frais.
Résultat : des hedge funds en particulier ont aggravé la hausse des prix par leur intervention sur le marché à terme. Ils ont usé de ces nouvelles facilités avec une seule idée en tête : « se refaire » le plus vite possible. D’où leur précipitation sur l’or, le pétrole ou les produits alimentaires de base. Des achats qui pouvaient offrir une perspective de plus-value rapide et très importante. « Le monde croule sous les liquidités », reconnaissait ainsi le 18 avril Patrick Artus, l’économiste de Natixis, sur les ondes de France Inter en relevant qu’il s’agissait d’une des causes essentielles « des nouvelles poussées de fièvre spéculatives ».
Les troubles sociaux provoqués par la crise
La flambée des prix des matières agricoles de base a affecté l'ensemble de la population mondiale. Si elle ne pose essentiellement dans les pays développés qu'une question de pouvoir d'achat, ses conséquences sont plus graves dans les pays en voie de développement. La FAO a dressé une liste de 37 pays touchés et « requérant une aide extérieure »[10].
De nombreux pays d'Asie et d'Afrique, et plus particulièrement le Burkina Faso, le Cameroun, le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, l'Égypte, et le Maroc ont connu des manifestations ou des scènes d'émeutes à la fin de l'année 2007 et au début de l'année 2008 liées au renchérissement des denrées alimentaires de base. D'autres pays qui ont connu des émeutes liées à l'alimentation ou des émeutes semblables : Mexique, Bolivie, Yémen, l'Ouzbékistan, le Bangladesh, le Pakistan, le Sri Lanka, et l'Afrique du Sud.
Comme les réserves mondiales de riz ont diminué de moitié, plusieurs pays producteurs comme la Chine, le Viet Nam, le Cambodge, l'Égypte et d'autres, ont imposé des interdictions des exportations.
Sénégal
A Dakar, une marche organisée le 31 mars 2008 par l'Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN)[22] a tourné à l'affrontement violent avec la police[23]. Cette manifestation contre le prix élevé des denrées de base avait été interdite par les autorités. Elle a été réprimée à coups de matraques électriques, de gaz lacrymogènes et d'arrestations. Le Président de l'ASCOSEN, M. Momar Ndao et 23 autres manifestants sont arrêtés. Pour la première fois en Afrique, les téléspectateurs ont pu suivre la marche en direct à la télévision[24], sans attendre les images des télévisions étrangères[25]
Côte d'Ivoire
Le 1er avril 2008, à Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et une douzaine de manifestants ont été blessés après une émeute de la faim qui avait frappé la ville. Les émeutes étaient provoquées par la hausse du prix de la nourriture et du carburant. Par exemple, le prix de la viande de bœuf est passé de 1,68 dollars américains à 2,16 dollars par kilo, et le prix de l'essence est passé de 1,44 dollars américains à 2,04 dollars par litre en trois jours seulement[réf. nécessaire].
Égypte
En Égypte, une forte tension sociale a vu le jour à la veille des élections municipales d'avril 2008. Ces troubles ont pour origines notamment une inflation galopante et une pénurie de pain. Les 6 et 7 avril, des manifestations importantes ont eu lieu au Caire et à El-Mahalla El-Kubra, ville industrielle située dans le delta du Nil, provoquant des affrontements violents avec les forces de police.
Haïti
Le 10 avril 2008, le Sénat d'Haïti vote la destitution du Premier ministre Jacques-Édouard Alexis deux jours après que des émeutes liées à la pénurie alimentaire éclatèrent après son annonce d'un programme d'investissement destiné à diminuer le coût de la vie. Le prix des produits alimentaires comme le riz, les haricots, les fruits et le lait concentré ont augmenté de plus de 50 % en Haïti depuis la fin de l'année 2007 tandis que le prix du fuel a triplé seulement en deux mois. L'État a tenté de maintenir l'ordre en annonçant le financement d'une réduction de 15 % sur le prix du riz.
Indonésie
De violentes émeutes ont explosé en Indonésie, où les aliments de base et l'essence ont doublé de prix depuis janvier 2008[26].
Philippines
Aux Philippines, c'est la hausse vertigineuse du prix du riz qui est à l'origine des tensions, avec une hausse de 50 % entre les mois de février et avril 2008. L'armée a été appelée en renfort pour gérer la distribution des rations de riz du stock national. La cote de popularité de la présidente Gloria Arroyo s'en est fait ressentir, atteignant à la mi-avril 2008 son plus bas niveau depuis 2 ans.
Cameroun
Le Cameroun, quatrième producteur mondial de cacao, a connu une émeute à grande échelle à la fin du mois de février 2008 tout comme une tentative du Président Paul Biya d'étendre son mandat à 25 ans. Au moins sept personnes furent tuées dans les pire troubles qu'ont connu le pays depuis quinze ans[réf. nécessaire].
Les mesures mises en place au niveau mondial
Alors que 75 % des pauvres habitent dans des zones rurales, l'agriculture ne recevait que 4 % des investissements publics et l'aide au développement[27]. En avril 2008, la Banque mondiale et le FMI annoncèrent conjointement une série de mesures visant à atténuer la crise, comprenant l'augmentation des prêts agricoles en Afrique et l'aide monétaire d'urgence aux zones durement touchées tel que Haïti.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir besoin de 500 millions de dollars supplémentaires à son budget de 2,9 milliards pour financer ses projets en 2008 en raison de la hausse des prix[21].
Les puissances occidentales augmentent l'aide alimentaire d'urgence, le président des États-Unis Georges Walker Bush à ainsi débloqué, le 14 avril 2008, 200 millions de dollars d'un fonds d'affectation spéciale afin de pouvoir accroître l'aide alimentaire d'urgence de l'Agence des États-Unis pour le développement international[28] et demandé 350 millions de dollars de crédits budgétaires supplémentaires au Congrès des États-Unis[29]. Cependant, de façon générale, l'aide alimentaire a baissé avec la hausse des prix: 8,3 millions de tonnes de graines ont été expédiées au titre de l’aide alimentaire en 2005-06 ; 7,4 millions en 2006-2007 et environ 6 millions en 2007-2008 [11].
Dénouement de la crise 2007-2008
Le mouvement de hausse de prix a connu son apogée au début de 2008, puis les prix ont rapidement chuté au fur et à mesure que l'abondance de la récolte 2008 se confirmait[30]. La plupart des prévisions de prix ont été mises en défaut[31]. L'analyse a posteriori permet de tirer certains enseignements de la crise. L'instabilité de prix agricoles fait l'objet d'études[32], et constitue un des sujets de discussion au G20.
Retour à une situation similaire en 2010
De nouveau en 2010, une combinaison de circonstances naturelles (sécheresse en Russie, inondations en Australie) et d'un marché du pétrole de nouveau orienté à la hausse, ayant un effet sur le marché des biocarburants et par là-même sur les marchés des oléagineux, a conduit à de nouvelles hausses de prix de l'ensemble des produits agricoles. Il faut noter que l'utilisation de récoltes alimentaires pour la production de biocarburants a augmenté entretemps pour la plupart des commodités (soja, maïs, colza, canne à sucre).
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