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TESTAMENT 31 DéCEMBRE 1678 écrit et signé avec le SANG de ALLACOQUE DEMANDé PAR JESUS CHRIST SACRE COEUR !

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Pacte écrit et signé avec le sang !

Cette âme héroïque devait clôturer l'année 1678 par un acte solennel.

Notre-Seigneur, comme souverain Sacrificateur, lui commanda de faire

en sa faveur un testament ou donation entière,

sans réserve et par écrit, de tout ce qu'elle pourrait faire et souffrir, de toutes les prières et biens spirituels que l'on ferait pour elle, pendant sa vie et, après sa mort.

Le divin Maître entendait que la chose fût faite en règle.

Il fit demander par Soeur Marguerite-Marie à la Mère Greyfié si elle voulait bien servir

de notaire en cette affaire — qu'il se chargeait de la payer solidement.

Si la supérieure refusait, la Soeur devait s'adresser au Père de la Colombière. Mais la Mère Greyfié, après avoir pris le temps de réfléchir, s'y prêta très volontiers. Elle écrivit donc elle-même la pièce suivante :

« Vive Jésus dans le coeur de son épouse, ma Soeur Marguerite-Marie, pour laquelle, et en vertu du pouvoir que Dieu m'a donné sur elle, j'offre et dédie et consacre purement et irrévocablement au sacré Coeur de l'adorable Jésus tout le bien qu'elle pourra faire pendant sa vie, et celui qui sera fait après sa mort, pour elle, afin que la volonté de ce Coeur divin en dispose à son gré et selon son bon plaisir et en faveur de quiconque il lui plaira, soit vivant ou trépassé-; ma Soeur Marguerite-Marie protestant qu'elle s'en dépouille volontiers généralement de tout, excepté la volonté d'être à jamais unie au divin Coeur de son Jésus, et l'aimer purement pour l'amour de lui-même.

En foi de quoi, elle et moi signons cet écrit, le dernier jour de décembre 1678.

Soeur Péronne-Rosalie Greyfié; à présent supérieure, et de laquelle ma Soeur Marguerite-Marie demandera tous les jours la conversion à ce Coeur divin. et adorable, avec la grâce de la pénitence finale.

La Soeur ayant présenté cet écrit à Notre-Seigneur,

il lui en témoigna un grand agrément

et lui dit que, puisque son amour l'avait dépouillée de tout, il ne voulait pas qu'elle eût d'autres richesses que celles de son sacré Coeur et il lui en fit une donation à l'heure même

me la faisant écrire de mon sang, selon qu'il la dictait,

et puis je la signai sur mon coeur avec un canif,

duquel j'y écrivis son sacré Nom de Jésus, » ajoute l'Autobiographie (1).

Consultons le Mémoire des Contemporaines. Nous y lirons ce qui suit :     

« Après cette donation faite, je la signai», dit-elle,

« sur mon coeur, comme mon divin Maître le voulait,

et je la signe encore ici :

Soeur Marguerite-Marie, disciple du divin Coeur de L'adorable Jésus, lequel s'étant donné à moi par la sainte communion, il me fit lire dans ce Coeur adorable ce qui était écrit pour moi.

Ce qui suit est écrit de son sang :

Je te constitue héritière de mon Coeur et de tous ses trésors pour le temps et l'éternité, te permettant d'en user selon ton désir, et te promets que tu ne manqueras de secours que lorsque mon Coeur manquera de puissance. Tu en seras pour toujours la disciple bien-aimée, le jouet de son bon plaisir et l'holocauste de ses désirs, et lui seul sera le plaisir de tous tes désirs, qui réparera et suppléera à tes défauts, et t'acquittera de tes obligations (2). »

 

Il a besoin d'être étudié pour être bien compris. En voici 'l'enchaînement logique.

Soeur Marguerite-Marie présente à Notre-Seigneur le testament en question et, dans un transport d'amour, grave le saint Nom de Jésus sur son coeur. Puis, elle signe en ces termes la pièce écrite par la Mère Greyfié : « Soeur Marguerite-Marie, disciple du divin Cœur de l'adorable Jésus. »

Enfin, Notre-Seigneur, lui fait lire

ce qu'il y a d'inscrit pour elle dans son sacré Coeur

et lui fait écrire de son sang la donation ci-dessus :

« Je te constitue héritière,... » etc. L'Autobiographie continue :

« Après quoi, il me dit qu'il prendrait soin de récompenser au centuple tous les biens que l'on me ferait, comme faits pour lui-même, puisque je n'avais plus rien à y prétendre ;

et que, pour récompense à celle qui avait dressé 

ce testament en sa faveur,

il lui voulait donner la même récompense qu'à sainte Claire de Montefalco ; et que pour cela, [il] ajouterait à ses actions les mérites infinis des siennes, et par l'amour de son sacré Coeur, il lui ferait mériter la même couronne. Ce qui me donna une grande consolation, parce que je l'aimais beaucoup, à cause qu'elle nourrissait mon âme abondamment du pain délicieux de la mortification et humiliation, qui était si agréable au goût de [mon] souverain Maître (1). »

Ce testament était daté du 31 décembre 1678

Presque à la même date, le Révérend Père de la Colombière, qui venait de se voir frustré de la gloire du martyre, mais avait, du moins, conquis la palme de confesseur de la foi, injustement accusé et banni d'Angleterre, reprenait le chemin de la France. Cette disgrâce entrait dans les desseins de Dieu, pour reconduire momentanément le saint jésuite dans la petite ville charolaise, à une époque où sa présence était singulièrement opportune.

La Mère Greyfié avait alors des craintes

au sujet de la Soeur Alacoque.

Elle les soumit au Père et voici comment il l'éclaira et la rassura :

« Il me fit connaître qu'il n'hésitait pas de croire que ce qui se passait en cette chère Soeur ne fût vraies grâces de Dieu.

Mais qu'importe, me dit-il,

quand ce seraient des illusions diaboliques,

pourvu que cela produise en elle les mêmes effets

que font les grâces du Seigneur ?

Il n'y a nulle apparence à cela, me dit-il encore,

parce qu'il se trouverait que le diable,

en la voulant tromper, se tromperait lui-même, l'humilité, la simplicité, l'exacte obéissance

et la mortification n'étant point

les fruits de l'esprit de ténèbres (1). »


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Notre-Seigneur l'avait prévenue que Satan

avait demandé de l'éprouver comme l'or dans la fournaise,

et qu'il lui avait tout permis, à la réserve de l'impureté ;

mais que, pour toutes les autres tentations, il lui fallait être sur ses gardes,

et qu'elle aurait surtout à subir

celles dont le diable avait osé l'attaquer lui-même.

Elle en fit la terrible expérience.

Il y a une haute leçon, cachée pour nous sous les humbles aveux d'une si grande âme.

« Je souffris pendant ce temps-là de rudes combats de la part du démon, qui m'attaquait particulièrement sur le désespoir, me faisant voir qu'une aussi méchante créature que moi ne devait point prétendre de part dans le paradis, puisque je n'en avais déjà point dans l'amour de mon Dieu, duquel je serais privée pour une éternité. Cela me faisait verser des torrents de larmes. D'autres fois, il m'attaquait de vaine gloire, et puis de cette abominable tentation de gourmandise, me faisant sentir des faims effroyables ; et puis, il me représentait tout ce qui est le plus capable de contenter le goût, et cela dans le temps de mes exercices, ce qui m'était un tourment étrange. Et cette faim me durait jusqu'à ce que j'entrais au réfectoire pour prendre ma réfection, dont je me sentais d'abord dans un dégoût si grand, qu'il me fallait faire une grande violence, pour prendre quelque peu de nourriture. Et d'abord que j'étais sortie de table, « ma faim recommençait plus violente qu'auparavant. »

Ce que voyant, la Mère Greyfié ordonna à cette parfaite obéissante de venir lui demander à manger, lorsqu'elle se sentirait plus pressée de la faim, « ce que je faisais avec des violences extrêmes, pour la grande confusion que je sentais, » rapporte la Sainte. « Et au lieu de m'envoyer manger, elle me mortifiait et humiliait fortement là-dessus, en me disant que je garderais ma faim pour la contenter lorsque les autres iraient au réfectoire. Après, je demeurais en paix dans ma souffrance (1). »

 

Non seulement Notre-Seigneur ne voulait pas diminuer la sensibilité ni les répugnances de Marguerite-Marie (2), mais il avait divinement pris ses mesures pour les aviver encore.

« Il voulait que je fusse dans un continuel acte de sacrifice,

et que, pour cela, il augmenterait mes sensibilités et mes répugnances, en telle sorte que je ne ferais rien qu'avec peine et violence, pour me donner matière de victoire, même dans les choses les plus minces et indifférentes. Ce que je puis assurer avoir toujours éprouvé depuis. De plus, que je ne goûterais plus aucune douceur que dans les amertumes du Calvaire, et qu'il me ferait trouver un martyre de souffrance 

 

dans tout ce qui pouvait composer la joie, le plaisir et la félicité temporelle des autres. Ce qu'il m'a fait éprouver d'une manière très sensible, puisque tout ce qui [se] peut nommer plaisir, me devint un supplice (1). »

 

Une fois, Notre-Seigneur lui fit entendre qu'il la voulait retirer dans la solitude, non celle d'un désert, mais celle de son sacré Coeur, et il lui demanda de jeûner cinquante jours au pain et à l'eau, pour honorer son jeûne dans le désert.

Elle n'en put obtenir la permission, cette singularité ne cadrant pas avec les usages ordinaires. 

Alors, son Époux divin l'assura

qu'il aurait comme très agréable

qu'elle passât cinquante jours sans boire,

pour rendre hommage à la soif que son Cœur sacré a du salut des pécheurs.

La courageuse Sœur Alacoque commença donc cette pénitence, mais on ne la lui laissa pas achever pour cette première fois.

Plus tard, elle eut congé de la recommencer et d'aller jusqu'au bout des cinquante jours. Elle passait de même les vendredis sans boire, depuis le jeudi soir jusqu'au samedi matin, ce qui était d'autant plus extraordinaire qu'elle était plus habituellement travaillée d'une soif dévorante.

Elle continua longtemps cette pratique, jusqu'à ce que la Mère Greyfié, jugeant de son devoir de la lui défendre, lui donna l'obéissance de boire trois ou quatre fois entre les repas, tous les jours. Mais, pour obéir et souffrir tout ensemble, 

Sœur Marguerite-Marie s'avisa de boire de l'eau où on lavait vaisselle, et même la lessive. Une Soeur, l'ayant prise sur le fait, en prévint la supérieure, qui sut bien encore, en cette rencontre, gratifier l'innocente coupable d'une énergique réprimande.

SUITE !!




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